Qui ne saurait se renconnaitre, au moins un peu, là dedans? Surement que des gens qui ne lisent jamais de livres. Dans les plus tendres moments, certains personnages le supporteront, l’aimeront à leur manière, dans la mesure qu’ils le peuvent, étant eux aussi imparfaits. Il ment souvent, a souvent honte, se fait rejeter parfois et est porté par des évènements plus grands que lui. Il est « juste un kid », perdu avec ses espoirs et ses défauts. Selon moi, ce n’est pas là une mince réussite.Īu centre, il faudrait aussi mentionner que le protagoniste n’a rien d’un héro mythique. Pour cela aussi, le monde du « Plongeur » semble vrai il n’y a pas que les décors, mais c’est comme si l’on pouvait plonger bien plus profondément dans n’importe quel de ses personnages et découvrir là toute une autre histoire. C’est plutôt que la vie déferle, c’est une grande métropole, et jamais un individu ne connaitra beaucoup plus que la surface des multiples gens qu’il croise, déjà qu’il y a la difficile tâche de se connaitre et de se maitriser soi-même. Toutefois, jamais personnage ici n’apparait comme faux ou deux-dimensionnel, comme s’il s’écroulerait sous inspection rapprochée. Tout comme dans la vie, jamais le lecteur n’a droit à la pleine histoire de qui que ce soit. On y voit ses rues et ses gens de tous les âges et milieux. Plutôt, c’est un portrait de Montréal que Stéphane Larue réussit très bien à peindre. Pour certains, c’est sûr que, sans puissant moteur narratif, le roman, avec ses 560+ pages, paraitra long.

Sans pour autant dire qu’il n’y a aucune histoire, il n’y a pas de fil narratif central solide ou clair ici. Cette variété de tons à pour socle les nuits de l’hiver, que l’on voit sous tous ses visages froids, secs ou humides, avec ses floccons minces ou gras tombant dans les halos des lumières orangées sous lesquelles se déroulent la vie des gens.Ĭela vous en donne peut-être l’idée : plutôt qu’une histoire, ce roman apparait tel un tableau. Telle en une symphonie cyclique, s’ensuivent le chaos de la cuisine, le bordel de la brosse, la vibe chill des colocs, la lueur du bus tard la nuit, la solitude des appartements lointains et la couleur vive de certains souvenirs. On ressent bien l’intensité blanche et bruyante de la cuisine en service, la pénombre enneigée de la ruelle où l’on fume, les néons des clubs où d’autres dansent, l’atmosphère des bars où ça se saoul, l’air tendu des salles de bains où ça se drogue. Vous le savez déjà, c’est un jeune qui rentre dans l’univers de la plonge et de la nuit à Montréal, l’hiver.Īu sein des pages de ce récent momument de littérature québécoise, brillent des scènes vives et des décors exacts. Anthony Bourdain (“Kitchen Confidential”) + Montréal : ça vous excite?

Le Plongeur by Stéphane Larue